Il nous reste à rejoindre le village à pieds, en traversant des fermes isolées au milieu des plantations, des rizières, et plus loin on trouve même une des résidences secondaires du président qui dénote un peu des maisons villageoises qu’on venait de croiser. 13h30, on retrouve le village, et on prend un pot pour se désaltérer avant le resto. On en profite pour enlever les dernières sangsues devenues de véritables petites poches de sang à force de se goinfrer à nos dépends. Pas le temps de rentrer à l’hôtel, sauf pour Michel usé par la marche du matin, on a déjà un autre projet de visite. Un des guides de la forêt nous propose une sortie dans un village des environs de l’ethnie des Tamalas, isolé de la route, qui peut être rejoint uniquement à pieds par un chemin accidenté de quatre kilomètres. On croise quelques fermes, on fait même peur à des petits enfants sans doute peu habitués à voir des occidentaux dans ce coin peu touristique. On voit enfin au loin la fumée du village accompagnée des premiers bonjours des enfants. Des enfants il y en a énormément, 45% de la population a moins de quinze ans, le pays est en plein boum démographique, même si l’espérance de vie est encore de seulement cinquante ans. Le village est rempli d’enfants, tous gentils, disciplinés, qui viennent nous saluer par curiosité et sympathie, la venue de vazahas est un évènement.
La coutume veut que la première chose à faire en entrant dans le village est d’aller saluer le chef de village dans sa case pour annoncer sa venue et se présenter. Le guide nous emmène donc chez le Roi, mais c’est loin d’être un palais, c’est une petite maison d’une pièce sans meubles, juste des nattes sales sur le sol. Les notables du village viennent nous rejoindre, ainsi que les enfants et la famille du roi. Le cérémonial peut commencer, mais ici, contrairement à la plupart des endroits dans le pays, on ne parle pas français, le guide sert donc de traducteur. Haja est des notres, la visite est inédite pour lui aussi, mais il y a de fortes chances pour que cette aventure rentre dans son programme pour les touristes à venir. L’instant est solennel, c’est génial de vivre ce genre d’expérience, d’autant que deux heures plus tôt on ne l’imaginait même pas. On lui achète un peu de rhum local distillé au village, pour la prière aux ancêtres et pour le verre de bienvenue que tous les gens présents se partagent en le faisant tourner. Les grimaces des locaux en buvant le rhum ne m’ont pas rassuré sur le degré d’alcool, c’est monstrueusement fort, entre l’éthanol pur et le kérosène. On trempe les lèvres pour faire plaisir, et après seulement on peut faire le tour du village, suivi des enfants qui posent pour la photo. Ils sont tout heureux de se voir dans le numérique, puis distribution de bonbons. Les maisons sont basiques, en terre, et on assiste à des scènes de leur quotidien. Il est déjà l’heure de repartir, les enfants nous suivent du regard de leur village alors que nous reprenons le chemin, et nous crient veloma jusqu’à ce qu’ils nous perdent de vue, vraiment une excursion enrichissante qu’on gardera en mémoire longtemps. La nuit s’approche à grands pas, et à peine le temps de récupérer Michel qu’il faut repartir dans la forêt pour observer les lémuriens nocturnes et les civettes, sorte de petit renard. On reprend le même chemin que le matin, sur une distance plus courte mais tout aussi casse-gueule, surtout qu’il fait noir complet à part les deux lampes mesquines du guide et de Michel. On arrive au point d’observation, on a vu le plus petit des lémuriens, de la taille d’une souris qui se déplace d’arbres en arbres à une vitesse folle, pas évident à suivre des yeux, et une civette est aussi venue chercher ses petits morceaux de viande. On repart en évitant les chutes, et on peut enfin se reposer, et pour ça rien de tel que le petit troquet de la veille. Bonne surprise, plusieurs guides décident aussi de passer la soirée là, et ils sont en grande forme et d’humeur festive, bien décidés à nous faire découvrir les tubes du moment et les danses à la mode. Grosse ambiance, un vrai spectacle auquel finalement on se laisse entraîner. Fred, Arnaud, Michel dansent même sensuellement le slow avec Jean-Claude et compagnie. Bien sympa cette soirée, qui se termine à l’hôtel devant le match de foot puis dodo bien mérité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire