samedi 16 février 2008

Mercredi 2 mai 2007

Sept heures du matin, départ pour la balade dans le parc national. Il vaut mieux profiter des heures fraîches du matin d’autant que les lémuriens sont plus calmes l’après-midi et ne sont plus en mouvement, donc moins intéressants à observer. La randonnée dans cette forêt tropicale humide primaire est extra, alternant traversées de rivières, des belles grimpettes, des passages hors piste en pleine végétation pour débusquer des lémuriens, des descentes difficiles et glissantes, etc… On a pu observer pas moins de six espèces de lémuriens, dont certaines assez rares : ventre roux, golden lémur, sifaka, un nocturne qui dormait dans son tronc,… malheureusement les lémuriens ne sont pas les seuls habitants de la forêt, il y a aussi les sangsues, aux morsures sensuelles. Personne n’y a échappé, mais je détiens le record avec 14 morsures. En gros ces petites bêtes pas belles vivent sur le sol et s’accrochent à nos chaussures lorsqu’on marche, puis perforent la chaussette et soit nous mordent soit remontent le long du corps pour trouver un coin plus appétissant que les pieds, style le dos, le nombril ou la nuque. Le problème c’est qu’on ne sent rien, la morsure est anesthésiée et deuxième problème, elles envoient un anticoagulant qui fait saigner plus, ma belle chemise blanche s’en souvient encore. Une fois gavées, elles se décrochent. On ne peut pas compter les espèces végétales qu’on découvre au fur et à mesure de la promenade, tout est plus grand, plus vert, plus touffu, plus original… La balade dure 6h30, et ce n’est pas de la petite promenade. Le taux d’humidité dans l’air est très élevé, il pleut tous les jours dans cette région. Une fois sortis de la forêt primaire, ce n’est pas terminé, il faut encore traverser une plantation de bananiers, des fougères, et soudain, en suivant le bruit de l’eau on tombe sur un panorama magnifique digne des plus grands films d’aventure, une énorme cascade et toute l’ambiance qui l’accompagne, embrun, bruit, etc… Ca se mérite, mais ça vaut dix fois le coût de l’effort.

Il nous reste à rejoindre le village à pieds, en traversant des fermes isolées au milieu des plantations, des rizières, et plus loin on trouve même une des résidences secondaires du président qui dénote un peu des maisons villageoises qu’on venait de croiser. 13h30, on retrouve le village, et on prend un pot pour se désaltérer avant le resto. On en profite pour enlever les dernières sangsues devenues de véritables petites poches de sang à force de se goinfrer à nos dépends. Pas le temps de rentrer à l’hôtel, sauf pour Michel usé par la marche du matin, on a déjà un autre projet de visite. Un des guides de la forêt nous propose une sortie dans un village des environs de l’ethnie des Tamalas, isolé de la route, qui peut être rejoint uniquement à pieds par un chemin accidenté de quatre kilomètres. On croise quelques fermes, on fait même peur à des petits enfants sans doute peu habitués à voir des occidentaux dans ce coin peu touristique. On voit enfin au loin la fumée du village accompagnée des premiers bonjours des enfants. Des enfants il y en a énormément, 45% de la population a moins de quinze ans, le pays est en plein boum démographique, même si l’espérance de vie est encore de seulement cinquante ans. Le village est rempli d’enfants, tous gentils, disciplinés, qui viennent nous saluer par curiosité et sympathie, la venue de vazahas est un évènement.


La coutume veut que la première chose à faire en entrant dans le village est d’aller saluer le chef de village dans sa case pour annoncer sa venue et se présenter. Le guide nous emmène donc chez le Roi, mais c’est loin d’être un palais, c’est une petite maison d’une pièce sans meubles, juste des nattes sales sur le sol. Les notables du village viennent nous rejoindre, ainsi que les enfants et la famille du roi. Le cérémonial peut commencer, mais ici, contrairement à la plupart des endroits dans le pays, on ne parle pas français, le guide sert donc de traducteur. Haja est des notres, la visite est inédite pour lui aussi, mais il y a de fortes chances pour que cette aventure rentre dans son programme pour les touristes à venir. L’instant est solennel, c’est génial de vivre ce genre d’expérience, d’autant que deux heures plus tôt on ne l’imaginait même pas. On lui achète un peu de rhum local distillé au village, pour la prière aux ancêtres et pour le verre de bienvenue que tous les gens présents se partagent en le faisant tourner. Les grimaces des locaux en buvant le rhum ne m’ont pas rassuré sur le degré d’alcool, c’est monstrueusement fort, entre l’éthanol pur et le kérosène. On trempe les lèvres pour faire plaisir, et après seulement on peut faire le tour du village, suivi des enfants qui posent pour la photo. Ils sont tout heureux de se voir dans le numérique, puis distribution de bonbons. Les maisons sont basiques, en terre, et on assiste à des scènes de leur quotidien. Il est déjà l’heure de repartir, les enfants nous suivent du regard de leur village alors que nous reprenons le chemin, et nous crient veloma jusqu’à ce qu’ils nous perdent de vue, vraiment une excursion enrichissante qu’on gardera en mémoire longtemps. La nuit s’approche à grands pas, et à peine le temps de récupérer Michel qu’il faut repartir dans la forêt pour observer les lémuriens nocturnes et les civettes, sorte de petit renard. On reprend le même chemin que le matin, sur une distance plus courte mais tout aussi casse-gueule, surtout qu’il fait noir complet à part les deux lampes mesquines du guide et de Michel. On arrive au point d’observation, on a vu le plus petit des lémuriens, de la taille d’une souris qui se déplace d’arbres en arbres à une vitesse folle, pas évident à suivre des yeux, et une civette est aussi venue chercher ses petits morceaux de viande. On repart en évitant les chutes, et on peut enfin se reposer, et pour ça rien de tel que le petit troquet de la veille. Bonne surprise, plusieurs guides décident aussi de passer la soirée là, et ils sont en grande forme et d’humeur festive, bien décidés à nous faire découvrir les tubes du moment et les danses à la mode. Grosse ambiance, un vrai spectacle auquel finalement on se laisse entraîner. Fred, Arnaud, Michel dansent même sensuellement le slow avec Jean-Claude et compagnie. Bien sympa cette soirée, qui se termine à l’hôtel devant le match de foot puis dodo bien mérité.

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