samedi 16 février 2008

Notre parcours

Aller-retour Antananarivo-Tulear du 27 avril au 13 mai 2007.
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Nous avons axé notre circuit sur la Nationale 7, principale route qui relie Antananarivo à Tulear, alternant les visites sur l’aller et le retour. Avant ça nous avons pu faire une petite boucle de 2 jours vers l’est le temps d’attendre l’arrivée de Fred.
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(cliquer pour agrandir)

Nous étions guidés, conseillés, et conduits par Haja.

Vendredi 27 avril 2007

Onze heures de vol séparent Paris de Antananarivo, la capitale malgache, pour seulement une heure de décalage horaire. Après un voyage sans problèmes, on pose enfin le pied tard dans la soirée sur le sol africain. Une fois les formalités douanières effectuées, on sort dans le hall de l’aéroport. Beaucoup d’animation, l’arrivée des Vahazas, nom donné aux étrangers par les malgaches, est toujours un évènement pour les locaux, et aussi l’espoir de quelques devises. En parlant argent, le change est à 2400 ariary pour un euro, autant dire qu’on devient vite millionnaire, avec de très grosses liasses de billets puisque la plus grosse coupure correspond à quatre euros, et la plus petite à quatre centimes. On avait réservé le premier hôtel à proximité de l’aéroport pour des raisons pratiques, et bonne surprise on trouve facilement la personne qui nous assurait le transfert. Pour la chambre, on ne savait pas trop à quoi s’attendre, c’est finalement assez basique mais largement acceptable, ça va. Michel devait nous rejoindre le lendemain matin après un vol de nuit, et c’est notre chauffeur qui l’accueillerait avant de venir nous chercher à notre hôtel, toute une organisation. La nuit fût bonne.

Samedi 28 avril 2007

Ce samedi matin correspond à l’arrivée de Michel. L’avion s’est posé tôt, très tôt même, bien avant l’heure de rendez-vous fixée avec Haja, notre chauffeur-guide. Du coup il a du attendre plus d’une heure dans l’aéroport seul sans savoir où on était, qui devait le prendre, où aller, et sans pouvoir nous joindre pendant que nous on sortait doucement de notre sommeil. Bref, l’angoisse, d’autant que très vite il s’est retrouvé le dernier touriste à attendre, et donc le dernier client potentiel pour les chauffeurs de taxi et autres agents de voyage, mais ouf Haja est arrivé, et on les a vu débarquer à notre chambre. Dans deux jours ce sera au tour de Fred d’arriver, on essaiera d’être à l’heure. Le voyage commence enfin, et on va directement dans le centre ville de Tana puis sur les hauteurs pour le panorama. Tana, c’est énorme comme ville, en plein boum démographique et tout ce que ça amène d’inconvénients. Le guide donne deux millions d’habitants, mais on peut déjà en ajouter un de plus. Malgré tout, la ville est assez jolie, construite sur plusieurs collines, avec beaucoup de verdure et très peu de buildings, mais quelques maisons stylées, d’autres moins. On traverse facilement la ville, en passant devant les différents bâtiments importants, pas spécialement jolis, et on est monté jusqu’au palais de la reine, qui a malheureusement été victime d’un incendie criminel. Là haut, ça offre une vue globale sur la ville et son lac en forme de cœur avec l’ange noir en son centre, noir à cause de la pollution, car il a été nettoyé il y a peu et la statue est en fait bien blanche. Des jeunes nous invitent à se balader dans les quartiers hauts, petite promenade sympathique sur de petits sentiers entre les maisons pour aller aux différents points de vue, et l’occasion aussi d’une première rencontre avec la faune locale en la personne d’une araignée gigantesque que nos guides n’ont pas hésité à prendre dans leur mains. Même savoir qu’elles sont inoffensives ne rassure pas, et certaines personnes les placent à leurs fenêtres pour que les moustiques n’entrent pas dans la maison. Après un premier petit déjeuner avec viennoiseries, reste culturel de la colonisation, on quitte la capitale pour la colline sacrée d’Ambohimanga et du rova royal. C’est un des rares sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, et c’est sans doute du à son coté historique, car ce n’est pas spécialement impressionnant. Même en 1800, un roi qui n’a pour palais qu’une simple petite cabane en bois d’une pièce, quasiment sans meubles, dont l’unique chaise servait aussi pour couper la viande, ne doit pas tellement impressionner ses visiteurs. Le palais s’est ensuite un peu amélioré au début du 20ème siècle, avec quelques pièces plus modernes, mais ça reste petit. Dans la cour, on voit encore de nombreuses traces de sang de poulet ou de zébu des récents sacrifices faits par les villageois pour les ancêtres. La religion catholique est très largement présente, mais à elle se rajoutent des coutumes traditionnelles et un très grand respect des ancêtres. Avant l’arrivée de Fred, on avait décidé de faire une petite boucle vers l’Est jusqu’à Andasibe. Après quelques heures de route, on s’arrête dans un petit resto, sauf que problème ils n’ont plus aucun repas à offrir, il faut attendre deux heures malgaches le temps d’aller chercher des provisions, autant dire qu’on ne peut se permettre de patienter trois heures françaises. On déjeune finalement dans la réserve de Mandraka avec notre premier plat de zébu, notre première THB (la principale marque de bière locale, et apparemment la seule !), et nos premières bananes flambées. Cette réserve était incroyable, avec de nombreux animaux endémiques. Pour commencer, les tenrecs, sorte d’hérisson un peu plus haut sur pattes, puis chauves-souris géantes, mais le plus impressionnant c’est toutes les espèces de caméléons qu’on peut même prendre dans ses mains. Des gros, des petits, des verts, des rouges, des moches, des qui crachent, des nerveux, des qui font le mort, y’en a pour tous les goûts. Expérience très surprenante : donner à manger à un caméléon !

Il regarde le criquet avec ses yeux qui tournent à 180°, il tourne sa petite tête, se met dans l’axe, sort sa grosse langue en boule, et sans qu’on le voit venir attrape avec une précision incroyable et à une vitesse hallucinante l’insecte qu’on tenait dans la main à 30 cm, dingue. On voit aussi des gros insectes pas jolis, des gros crapauds orange, des serpents et des papillons aussi magnifiques qu’immenses. Après le déjeuner, on va se promener dans la forêt du parc, et encore une fois la surprise a été au-delà de nos espérances ! Non seulement on est tombé sur des lémuriens de deux espèces, Fulvus et Sikara, mais ils sont en plus venus à notre rencontre et même sur nous en échange de morceaux de banane, magiques ! Quelle première journée ! On poursuit la route jusqu’à Andasibe pour la promenade du lendemain dans la forêt. Notre hôtel est plein de charme, on a un chouette bungalow en face de la forêt où on peut entendre les lémuriens bondir d’arbres en arbres. Premier repas arrosé, avec rhums arrangés et vin rouge local du clos Malaza un peu spécial.

Dimanche 29 avril 2007

Le parc national d’Andasibe, c’est principalement une réserve où l’on peut observer le plus grand des lémuriens, l’Indri. Ce magnifique animal est celui dont le mode de vie se rapproche le plus de celui de l’homme, il est monogame, vit en famille, et peut aller jusque soixante ans. Il paraît même que ce serait les mères qui iraient chercher dans les autres groupes la femelle pour leur enfant, ce serait unique dans le monde animal. Lors de notre promenade de 4h30 dans la forêt, on a pu observer quatre groupes d’Indri que notre guide a débusqués. Les Indri sont les plus gros des lémuriens, d’environ un mètre, avec une queue minuscule, noir et blanc, avec une tête et des oreilles d’ourson et un regard intense qui nous fixe. Ces animaux poussent un cri phénoménal qui s’entend à plusieurs kilomètres ! On a aussi eu la chance de tomber sur d’autres espèces de lémuriens, les bambous, plus craintifs. Le long du chemin, en dehors d’une flore exceptionnelle, fleurs étonnantes et plantes gigantesques, il y avait aussi des gros serpents, des araignées géantes, des hiboux, des termitières d’un mètre cinquante de haut, des lézards vert fluo, etc… On prend le déjeuner dans la jolie petite ville d’Andasibe, construite en bois, dans un petit resto tout en bois également. Deuxième visite de la journée, la réserve privée de l’hôtel Vakona Lodge, un petit paradis en pleine forêt. Au programme, l’île aux lémuriens, où on a encore eu l’heureuse surprise de tomber sur différentes espèces de lémuriens peu farouches, les fulcus bruns, le vari variegata (blanc à tête noire), et le propithèque à diadème, blanc et roux. Il y avait aussi dans cette réserve la ferme des crocodiles, avec bien entendu sous les ponts de cordes suspendus des crocodiles, mais aussi des serpents, des tortues, des beaux oiseaux carnivores et des foussas, sorte de puma ou gros chat sauvage. Il est temps de reprendre la route pour Tana, car le lendemain on doit récupérer Fred. La route est épique, autant jusque là Haja avait été très prudent avec son gros 4x4, que là il semble pressé et roule à toute blingue, traversant rapidement les villages dans le noir malgré les averses et les trous énormes dans la chaussée. Après avoir avalé les kilomètres à toute allure, on rentre dans la capitale. On demande à Haja de nous emmener au distributeur, le premier en panne, deuxième aussi, troisième aussi… panne générale de réseau, c’est classique apparemment. Tant pis, demain ça ira mieux. On dort dans un hôtel près de la maison de Haja, le grand luxe. Pas ce standing là tous les jours, mais pour le coup c’est agréable, chambre spacieuse, et surtout resto de luxe avec joueur de piano pour nous accompagner.

Lundi 30 avril 2007

On se lève tôt, il faut traverser la ville pour aller à l’aéroport chercher Fred. Pas d’attente cette fois, on arrive au moment même où il entre dans le hall, quelle organisation ! Pour sa première visite, on va dans un atelier de maquettes de bateaux de grande précision. On commence ensuite la descente de la route nationale 7 vers Tulear, point extrême de notre circuit. Pour fêter l’arrivée de Fred, on s’arrête un peu avant Ambatolampy prendre un verre et un bloc de foie gras, spécialité du coin. Ce foie gras local est meilleur que ce que l’on pourrait croire, à un prix imbattable, et on peut s’en enfiler un beau bloc de deux cent cinquante grammes pour quelques euros. Pause déjeuner ensuite où l’on déguste des écrevisses après avoir visité un atelier familial d’aluminium, impressionnant ce qu’ils savent faire avec de la récup’, un peu d’imagination et un grand savoir faire. On arrive à Antsirabe, troisième ville du pays. Avant le coucher du soleil de 17h35, il nous reste suffisamment de temps pour prendre la piste jusqu’au lac de Tritiva, magnifique lac dans un cratère de volcan. Endroit sacré pour bon nombre de malgaches, avec plein de belles légendes, son niveau baisse à la saison des pluies et monte à la saison sèche, et sa profondeur n’a jamais pu être calculée. On fait le tour accompagné des nombreux enfants du village, le paysage est magnifique. On revient ensuite dans la ville en passant le long du lac d’Andraikiba, plus classique et moins impressionnant. Soirée bien arrosée avec dégustation de quelques rhums arrangés dans différents bars, puis on va dans un resto gastronomique de qualité en pousse-pousse sous la pluie, déguster carpaccio de foie gras et autres mets de qualité. Dans les villes de province on se sent en sécurité, puisque de nombreux pousse-pousse nous accompagnent dans l’espoir qu’on les choisisse, du coup on a un cortège protecteur. Nuit à l’hotel Hasuna, qui malgré quelques cafards dans les chambres offre un confort plus qu’acceptable. C’est de là qu’on planifie avec Haja le reste du séjour en fonction de nos envies, de ses conseils avisés et du temps que l’on a. Nous sommes réellement bien tombés avec Haja, car il nous oriente dans nos choix selon notre façon de voyager. En plus de sa gentillesse, c’est un guide très impliqué dans la réussite de notre séjour, et qui a toujours fait en sorte que tout se passe bien et de montrer le meilleur de son pays.

Mardi 1er mai 2007

C’est la Fête du travail, même ici. Pour commencer la journée, on visite la confiserie de Marcel, très artisanale. La cane à sucre est fondue dans une marmite avant de malaxer à la main le liquide obtenu et de le mélanger avec divers fruits pilés. On lui prend plein de paquets pour distribuer aux enfants qu’on croisera dans le séjour, sauf ceux explosifs au gingembre qu’on gardera pour nous. Route vers Ranomafana, notre prochaine étape. On fait un arrêt improvisé dans un marché de village des hauts plateaux. On y vend de tout, nourriture, vêtements, objets utilitaires, dont bouteilles d’eau vide, ampoules transformées en lampes à pétrole, etc… On prend le déjeuner à Ambohimahasoa, petite ville pas spécialement jolie mais typique, et surtout pratique sur notre chemin, et en bonus on a eu droit à un spectacle folklorique proposé par des villageois, chants, danses, bonne ambiance rien que pour nous ce qui a rendu le repas des plus agréables. Le restaurateur nous emmène ensuite dans une maison du village, petite, basique en terre, une seule pièce en bas pour 14 personnes, et cuisine à l’étage. Les maisons servent principalement à dormir, ou en cas de pluie, sinon la vie se fait en extérieur. On continue ensuite vers Ranomafana, où on traverse une grandiose forêt tropicale humide sous une petite pluie fine, on croise même déjà des lémuriens qui traversent la route, ça promet pour le lendemain. Ranomafana est un tout petit village réputé pour ses piscines thermales d’eau chaude (changée une fois par semaine, faut donc bien choisir son jour), à quelques kilomètres de l’entrée du parc national où on fera la balade le lendemain. Après une visite du village, où des enfants s’amusent à nous envoyer du papier mâché à l’aide de pistons fait dans des bambous pour rigoler, on passe la soirée dans un troquet en bois rejoints par deux suissesses de passage là aussi en sirotant quelques rhums arrangés. Nuit à l’hôtel Ihary dans un petit bungalow au bord de la rivière avec vue sur la forêt.

Mercredi 2 mai 2007

Sept heures du matin, départ pour la balade dans le parc national. Il vaut mieux profiter des heures fraîches du matin d’autant que les lémuriens sont plus calmes l’après-midi et ne sont plus en mouvement, donc moins intéressants à observer. La randonnée dans cette forêt tropicale humide primaire est extra, alternant traversées de rivières, des belles grimpettes, des passages hors piste en pleine végétation pour débusquer des lémuriens, des descentes difficiles et glissantes, etc… On a pu observer pas moins de six espèces de lémuriens, dont certaines assez rares : ventre roux, golden lémur, sifaka, un nocturne qui dormait dans son tronc,… malheureusement les lémuriens ne sont pas les seuls habitants de la forêt, il y a aussi les sangsues, aux morsures sensuelles. Personne n’y a échappé, mais je détiens le record avec 14 morsures. En gros ces petites bêtes pas belles vivent sur le sol et s’accrochent à nos chaussures lorsqu’on marche, puis perforent la chaussette et soit nous mordent soit remontent le long du corps pour trouver un coin plus appétissant que les pieds, style le dos, le nombril ou la nuque. Le problème c’est qu’on ne sent rien, la morsure est anesthésiée et deuxième problème, elles envoient un anticoagulant qui fait saigner plus, ma belle chemise blanche s’en souvient encore. Une fois gavées, elles se décrochent. On ne peut pas compter les espèces végétales qu’on découvre au fur et à mesure de la promenade, tout est plus grand, plus vert, plus touffu, plus original… La balade dure 6h30, et ce n’est pas de la petite promenade. Le taux d’humidité dans l’air est très élevé, il pleut tous les jours dans cette région. Une fois sortis de la forêt primaire, ce n’est pas terminé, il faut encore traverser une plantation de bananiers, des fougères, et soudain, en suivant le bruit de l’eau on tombe sur un panorama magnifique digne des plus grands films d’aventure, une énorme cascade et toute l’ambiance qui l’accompagne, embrun, bruit, etc… Ca se mérite, mais ça vaut dix fois le coût de l’effort.

Il nous reste à rejoindre le village à pieds, en traversant des fermes isolées au milieu des plantations, des rizières, et plus loin on trouve même une des résidences secondaires du président qui dénote un peu des maisons villageoises qu’on venait de croiser. 13h30, on retrouve le village, et on prend un pot pour se désaltérer avant le resto. On en profite pour enlever les dernières sangsues devenues de véritables petites poches de sang à force de se goinfrer à nos dépends. Pas le temps de rentrer à l’hôtel, sauf pour Michel usé par la marche du matin, on a déjà un autre projet de visite. Un des guides de la forêt nous propose une sortie dans un village des environs de l’ethnie des Tamalas, isolé de la route, qui peut être rejoint uniquement à pieds par un chemin accidenté de quatre kilomètres. On croise quelques fermes, on fait même peur à des petits enfants sans doute peu habitués à voir des occidentaux dans ce coin peu touristique. On voit enfin au loin la fumée du village accompagnée des premiers bonjours des enfants. Des enfants il y en a énormément, 45% de la population a moins de quinze ans, le pays est en plein boum démographique, même si l’espérance de vie est encore de seulement cinquante ans. Le village est rempli d’enfants, tous gentils, disciplinés, qui viennent nous saluer par curiosité et sympathie, la venue de vazahas est un évènement.


La coutume veut que la première chose à faire en entrant dans le village est d’aller saluer le chef de village dans sa case pour annoncer sa venue et se présenter. Le guide nous emmène donc chez le Roi, mais c’est loin d’être un palais, c’est une petite maison d’une pièce sans meubles, juste des nattes sales sur le sol. Les notables du village viennent nous rejoindre, ainsi que les enfants et la famille du roi. Le cérémonial peut commencer, mais ici, contrairement à la plupart des endroits dans le pays, on ne parle pas français, le guide sert donc de traducteur. Haja est des notres, la visite est inédite pour lui aussi, mais il y a de fortes chances pour que cette aventure rentre dans son programme pour les touristes à venir. L’instant est solennel, c’est génial de vivre ce genre d’expérience, d’autant que deux heures plus tôt on ne l’imaginait même pas. On lui achète un peu de rhum local distillé au village, pour la prière aux ancêtres et pour le verre de bienvenue que tous les gens présents se partagent en le faisant tourner. Les grimaces des locaux en buvant le rhum ne m’ont pas rassuré sur le degré d’alcool, c’est monstrueusement fort, entre l’éthanol pur et le kérosène. On trempe les lèvres pour faire plaisir, et après seulement on peut faire le tour du village, suivi des enfants qui posent pour la photo. Ils sont tout heureux de se voir dans le numérique, puis distribution de bonbons. Les maisons sont basiques, en terre, et on assiste à des scènes de leur quotidien. Il est déjà l’heure de repartir, les enfants nous suivent du regard de leur village alors que nous reprenons le chemin, et nous crient veloma jusqu’à ce qu’ils nous perdent de vue, vraiment une excursion enrichissante qu’on gardera en mémoire longtemps. La nuit s’approche à grands pas, et à peine le temps de récupérer Michel qu’il faut repartir dans la forêt pour observer les lémuriens nocturnes et les civettes, sorte de petit renard. On reprend le même chemin que le matin, sur une distance plus courte mais tout aussi casse-gueule, surtout qu’il fait noir complet à part les deux lampes mesquines du guide et de Michel. On arrive au point d’observation, on a vu le plus petit des lémuriens, de la taille d’une souris qui se déplace d’arbres en arbres à une vitesse folle, pas évident à suivre des yeux, et une civette est aussi venue chercher ses petits morceaux de viande. On repart en évitant les chutes, et on peut enfin se reposer, et pour ça rien de tel que le petit troquet de la veille. Bonne surprise, plusieurs guides décident aussi de passer la soirée là, et ils sont en grande forme et d’humeur festive, bien décidés à nous faire découvrir les tubes du moment et les danses à la mode. Grosse ambiance, un vrai spectacle auquel finalement on se laisse entraîner. Fred, Arnaud, Michel dansent même sensuellement le slow avec Jean-Claude et compagnie. Bien sympa cette soirée, qui se termine à l’hôtel devant le match de foot puis dodo bien mérité.

Jeudi 3 mai 2007

Ce jeudi c’est une grosse journée de voiture pour rejoindre le massif de l’Isalo, et rien de spécial prévu sur le chemin. Il reste quand même encore quelques jolis panoramas gardés en réserve le long de la route avant de rejoindre la Nationale 7, sur des cascades ou sur la jungle embrumée ce qui donne un très bel effet où seul le contours des arbres se dessine. On en profite pour écrire les cartes postales dans la voiture et pouvoir les poster à Fianarantsoa, troisième ville du pays. L’état de la route principale est déplorable, avec des nids de poules, ou nids d’autruches comme ils disent ici, et encore tout s’est nettement amélioré il paraît. On fait des petites pauses, comme chez des artisans de sisal le long de la route. Avec cette plante dont ils récupèrent la fibre ils tressent des cordes principalement pour attacher le zébu dans les camions. D’ailleurs tous les zébus n’ont pas la chance d’avoir un camion, la majorité se déplace sur la route, avec parfois de très longues distances à parcourir jusque leurs nouveaux propriétaires, et on croise régulièrement de très grands troupeaux qui nous obligent à ralentir. On déjeune à Ambalavao en face du grand marché, un des plus importants de l’île, on y repassera quelques jours plus tard. On poursuit la route vers l’Isalo, les paysages changent, on arrive dans la savane. On arrive à notre hôtel à Ranohira, avec des bungalows qui offrent une vue magnifique sur la savane qui se prolonge jusqu’au massif à quelques kilomètres. En fait l’Isalo est un énorme massif montagneux qui s’étend sur cent kilomètres de long et vingt de large, et c’est devenu un parc national protégé où on peut parcourir différents sentiers alternant canyons, failles, cascades, etc... Le bungalow n’a pas d’électricité, et pour l’eau chaude qui fonctionne avec le soleil c’est uniquement quand il fait chaud, donc rien après 17h30 car le soleil est couché, et rien avant 12h car le soleil n’est pas assez fort. Douches froides donc prévues pour les deux nuits qu’on passera ici.

Vendredi 4 mai 2007

Départ 7h30 pour une randonnée qui s’annonce très jolie. L’Isalo offre de magnifiques paysages variés, mais également une faune et une flore encore une fois originales pour nous européens. Après une heure de 4x4 de très mauvaise piste à travers la savane, on arrive au bout du chemin carrossable. Il nous faut poursuivre à pieds les derniers kilomètres qui nous séparent du pied du massif. La savane et ses libellules géantes laissent place à de la forêt et aux lémuriens, dont les fameux makkis catta certainement les plus connus mais aussi les plus beaux avec leur queue annelée blanche et noire et leurs incroyables regards jaunes. On voit aussi une famille de propithèques verreauxi tout blancs, ou les fulvus rufus qu’on connaissait déjà. Pour commencer on pénètre d’abord dans le canyon des makkis, petit coin de paradis avec cascades et végétation luxuriante.

Jusque là c’était plutôt une promenade tranquille, mais la rando commence avec une grosse grimpette sur la façade du massif en plein soleil où le sac rempli d’eau se faisait sentir. Ca vaut l’effort, le panorama du haut de la montagne est exceptionnel, la savane à perte de vue sans rien pour stopper la vision avant l’horizon ! La balade ne fait que commencer, à travers ce que les locaux surnomment avec un peu d’audace le colorado malgache. Quatre heures de marche à bonne allure, avec des étapes prévues dans les piscines naturelles noire et bleue pour le pic nique et la baignade. On longe la gorge creusée par la rivière pour arriver enfin à ces cavités d’eau en bout de chemin, et c’est trop tentant on se lance à l’eau. D’abord la noire, car très profonde. On peut nager jusque sous la cascade, sans lever trop la tête car les araignées ont élu domicile pas loin au dessus et la taille des toiles de plusieurs mètres d’envergure est assez impressionnante. Mais sinon c’est fabuleux de se baigner seuls dans ce genre d’endroit. La bleue ensuite juste à coté, car moins profonde. Là aussi douche sous la cascade, comme dans les films. Juste le temps de manger les sandwiches que la pluie fait son apparition, et pas n’importe quelle pluie, une averse énorme, c’était bien la peine de se sécher. Le reste de la rando s’est faite sous cette pluie battante, chaude ça va, et jamais je n’étais resté aussi longtemps dehors par ce temps, détrempé jusqu’au moindre poil, et le chapeau prévu contre le soleil s’est révélé utile contre l’eau. Ce n’était finalement pas si gênant que ça, le chemin restait toujours aussi grandiose le long de cette rivière dans une véritable gorge, mais on a du accélérer un peu le pas pour ne pas se faire surprendre par la montée des eaux. Arrivée à un autre parking où Haja nous reprenait, on en aurait presque eu froid, mais finalement après une bonne douche froide sous un filet d’eau à l’hôtel on s’est réchauffé au bar du coin chez Bernie où on a pu déguster les meilleurs rhums arrangés du pays, aux parfums aussi variés qu’originaux (avocat, piment, …). Dîner et nuit au même hôtel.

Samedi 5 mai 2007

On reprend tôt la route direction la côte, logiquement ce soir on verra la mer ! On commence doucement la journée par la visite du centre d’exposition de l’Isalo pour mieux comprendre le massif, puis deux autres arrêts aux hôtels de luxe du coin qu’on ne pouvait malheureusement pas s’offrir, dommage car c’est confortable et très bien intégrés à l’environnement rocailleux. Après trente kilomètres sur une belle route à travers un paysage de brousse et quelques palmiers, avec l’Isalo en toile de fond, on voit apparaître au loin Ilakaka, sorte de ville surgie de nulle part créée il y a quelques années seulement. Pourquoi 20 à 50 000 malgaches sont-ils venus se perdre ici ? Pour faire fortune avec les récents gisements de saphir découverts dans la plaine. C’est le Far West malgache, sorte de ruée vers le saphir, et l’ambiance ne devait pas être si différente que celle de la ruée vers l’or en Amérique. En gros on achète une parcelle de terrain, on creuse, on tamise la terre dans la rivière, si par chance il y a des pierres précieuses bleues ou jaunes on les revend à des comptoirs tenus par des thaïlandais ou des sri lankais, en essayant durant tout ce temps de ne pas se faire prendre dans un des fréquents règlements de compte, car ici ça craint et il est conseillé de tracer son chemin. On traverse donc uniquement, c’est d’abord en périphérie une succession de minuscules maisons de fortune en branchages avec des bâches de récupération, puis le centre ville avec des maisons et commerces à peine plus solides, et entre ces constructions quelques comptoirs grillagés avec des gardes pour la vente des pierres. On voit ici des stations service qui vendent l’essence au litre dans des bouteilles d’eau. On croise quand même des drôles de bonhommes, tout en vérifiant si les portières sont bien fermées. On quitte la ville, en poursuivant dans les mêmes paysages, et on traverse deux autres villes du saphir en plein développement, mais pas encore de la même ampleur qu’Ilakaka. Les palmiers cèdent petit à petit la place aux premiers baobabs ! Ces arbres très curieux sont tout un symbole, et sur les neuf espèces répertoriées sept sont endémiques de Madagascar. Ils sont souvent comparés à des arbres retournés où le tronc rectiligne serait planté dans le sol et les racines seraient en haut. Vieux de plusieurs centaines d’années, ils ont été épargnés car leur bois n’est pas très utilisé, tant mieux. On croise aussi le long de la route des enfants avec des caméléons trouvés dans les alentours, pour échanger une petite photo contre quelques ariary, très gros mais pas plus que ceux qu’on a nous même attrapés parfois. Ca y est ! La mer est visible ! Patience avant de faire trempette, on a prévu une balade dans l’arboretum d’Antsokay, le plus renommé de l’île. Neuf cent plantes rares, la plupart endémiques du sud-ouest malgache, beaucoup médicinales, d’autres mortelles, des originales, des jolies, des banales, etc… de temps en temps un serpent ou une araignée, puis quelques tortues. On apprend pas mal de choses, même si j’ai déjà oublié 95% des noms de plantes. Je sais juste qu’on peut tout soigner, et que cette médecine traditionnelle est encore employée dans pas mal de coins du pays, aussi parce que c’est moins cher et en abondance contrairement aux médicaments modernes. Bon déjeuner à l’auberge du parc. Avant d’arriver à Tuléar, notre point de chute, on emprunte une piste le long de la mer d’abord jusqu’à une grotte d’eau douce face à la mer, c’est magnifique, un coin rêvé pour une baignade rafraîchissante. L’eau semble laiteuse, et ici vivent quelques très gros poissons aveugles. Le panorama sur la mer est sublime, et on peut observer des pêcheurs qui se détachent sur l’eau étincelante. On enchaîne, on décide de poursuivre la piste encore plus loin que prévu, jusqu’à sa fin, au village de pécheurs de la baie de Saint-Augustin. C’est le bout du monde, l’auteur de Robinson Crusoë s’en est largement inspiré, ça peut donner une idée de l’ambiance. Malheureusement, aussi vite arrivés qu’il faut déjà repartir, par la même piste, avec les mêmes panoramas sur cette magnifique baie isolée. Pour profiter au mieux du coucher de soleil, on s’arrête dans un hôtel de bord de mer sur la piste, et on ne pouvait avoir meilleur endroit. Immense ponton qui s’avance sur la mer, terrasse où on peut déguster le rhum arrangé au fruit de baobab, etc…

17h30, ça commence doucement. 17h40, c’est finit le soleil est couché. Il tombe très vite et descend à vue d’œil derrière l’horizon, c’est court mais super joli. Il ne reste plus qu’à rejoindre Tuléar, capitale administrative du Sud-ouest, pas un grand charme mais étape pratique. Il fait noir, et Haja roule vite, très vite, malgré le monde dans la ville. On s’installe à l’Hôtel des Palétuviers, à la bougie car pas d’électricité, ni ici ni dans le reste de la ville. En fait l’unique générateur de la ville ne donne que deux heures de courant par jour par quartier, pas de bol c’est pas notre tour. Idem pour retirer de l’argent, impossible ce soir, pas de réseau pour les cartes et pas de courant… On dîne à l’Etoile de Mer, et pour notre premier repas sur la côte on garde le rhum en apéro mais on change le zébu pour des langoustes, délicieux ! Après d’autres rhums de pré-soirée dans un bar, on sort au Zaza Club, la meilleure boîte du monde selon Carlos, une référence… Difficile de décrire l’ambiance, très festive, mais différente des boîtes françaises. En tout cas jamais on n’aura eu autant de succès auprès du gros pourcentage de filles présentes… En levant les yeux, quel ciel étoilé ! Rarement eu l’occasion d’en voir un aussi rempli, magnifique ! De quoi se passionner pour l’astrologie, mais on a sommeil.

Dimanche 6 mai 2007

On pensait se lever tard et faire grasse mat’, mais finalement dès 9h on est prêt, on attendra donc Haja un moment. Comment profiter de ce temps libre ? Avec Fred on décide d’aller chercher un p’tit déj, dans la rue devant l’hôtel un gars nous barre la route avec un énorme couteau artisanal de 25cm et nous demande 50 000 ariary, merde on se fait braquer… On y a presque cru pendant quelques secondes, en fait dans cette ville ils vendent des machettes, et sans négocier, juste en refusant, le prix a baissé régulièrement jusqu’à 5 000, soit 2€. Même sans en vouloir vraiment, ça a fait un beau souvenir pour pas cher. On a fait une petite promenade dans la ville, c’est mieux qu’en pleine journée mais ça reste une ville pas spécialement jolie, beaucoup de pousse-pousses nous suivent sur notre chemin sans nous décider. Il est l’heure de gagner Ifaty, le village balnéaire de Tuléar à environ trente kilomètres de piste, avec des passages dans le sable autour de plans d’eau salée, jolie route. On longe ensuite la mer et la mangrove, en traversant des villages de pécheurs vézos avec les cahutes en bambous, paille, et les pirogues à balancier caractéristiques sur la plage. Les vézos sont un peuple composé de 50 000 individus qui ne vivent que pour l’eau et par l’eau, toujours sur le littoral. La pêche est le principal revenu, et le poisson l’alimentation de base. Physiquement, une particularité, beaucoup ont des mèches ou sont carrément roux. En tout cas toujours la même sympathie, des adultes et enfants. La première pause de la journée est à l’hôtel de luxe du Paradisier, car Haja connaît la patronne et il veut nous faire voir ce cadre paradisiaque, d’où le nom de l’établissement. Piscine qui donne sur la mer, restaurant les pieds dans l’eau, etc… En voyage de noce ça aurait été parfait mais un peu loin de la ville et de notre budget maximum. On se pose finalement chez Freddy, avec un bungalow immense directement sur la plage, et quelle plage ! Comme dans un rêve, cocotiers, lagons, hamac au dessus du sable blanc, etc… On ne pouvait avoir une meilleure étape. On organise notre journée, au programme : petite bière désaltérante, repas de poisson tout frais péché, petite sieste, balade avec des pêcheurs sur leur pirogue jusqu’à la barrière de corail pour faire du snorkelling, une fois revenu sur la terre ferme visite d’une forêt de baobabs et d’une réserve de tortues, et retour sur la plage pour les dernières lueurs du soleil. Journée chargée. Dans les détails, bière très appréciée, pas de langoustes encore pêchées mais le poisson énorme était vraiment excellent, inconnu pour nos palais, la sieste très agréable dans les hamacs ou à l’ombre des palmiers. Le moment fort du jour arrive, la balade en pirogue. La barrière de corail qui permet cette mer calme se situe à 20-25 minutes de pirogue, et deux frères pêcheurs ont eu pour mission de nous y emmener. On était tous dans la partie centrale du bateau, un piroguier au gouvernail et l’autre sur les mats de bambous horizontaux pour gérer la voile, et on fend l’eau transparente déjà à belle allure. On stoppe peu avant la barrière de corail, on enfile masques et tubas, et c’est parti pour la promenade dans l’aquarium naturel géant. Le corail est foncé, et on a pu voir pas mal d’espèces différentes très colorées, c’est beau. Chemin inverse vers la cote, la pirogue est très basique mais ça marche bien on tombe pile sur l’hôtel. Le temps de se changer, de voir d’autres pêcheurs remonter des langoustes pour nous ce soir et en route vers la forêt de baobabs, une réserve où on peut voir différentes sortes de ces arbres, dont des très gros. On a pu voir ici toute la flore endémique de la région.

Le plus impressionnant baobab faisait treize mètres de circonférence, c’est énorme. Petite promenade tranquille, le soleil se prépare à se coucher. On serait bien sur la plage, mais Haja nous propose la ferme des tortues, il fait déjà sombre, c’est fermé. Il veut absolument la voir on dirait, il klaxonne, le gardien nous ouvre. La nuit tombe, on distingue à peine les carapaces du sol, ça donne un effet comique d’autant que Haja doit s’en rendre compte et tente de combler la visite par un optimisme débordant. C’est vite torché quand même, à défaut de toutes les voir, on aura contribué à les sauver avec nos droits d’accès au parc. On revient sur la plage, la luminosité est déjà très diminuée mais c’est magnifique, nuances du rouge au bleu foncé. On dîne au resto de Freddy en « ville », pas de route goudronnée, que du sable, et autant de cahutes que de maisons en dure dans le centre. Après le rhum arrangé, les langoustes arrivent, deux par personne pour six euros! On est gâté. Fin de soirée pépère dans un café local et retour à l’appartement.

Lundi 7 mai 2007

La nuit fut courte, la route est longue et on doit arriver de jour et avant une éventuelle averse au Camp Catta où on passera la nuit, car si il pleut la piste devient impraticable même pour les 4x4. Le soleil n’est pas encore levé, mais les nuances de couleurs entre mer et horizon sont encore une fois superbes, très claires cette fois. Le bleu du ciel commence à peine à remplacer la luminosité blanche du soleil. Dernier au revoir à la mer, il nous faut repartir en sens inverse, déjà… Une des choses qu’on s’est souvent dit, c’est qu’on aurait bien passé une nuit de plus dans chacune de nos étapes. C’est particulièrement vrai pour cet endroit, mais il y a tellement de choses à voir. On reprend la piste vers Tuléar où on prendra un bon p’tit déj, mais où on ne retirera pas d’argent car ça ne marche pas…puis direction Ranohira aux portes de l’Isalo, même paysages de savanes qu’à l’aller, et retraversée des villages de chercheurs de saphirs, où cette fois on les voit travailler à trier leur pierres dans la rivière. Haja nous demande si on a remarqué quelque chose de spécial à Tuléar pendant notre passage, non, à part que y’avait pas courant, que c’était pas spécialement propre, mais rien de différent du reste du pays, et pourtant il nous apprend que toute la semaine il y a eu des émeutes assez importantes de l’opposition, et qu’il se tenait informé quotidiennement au fur et à mesure qu’on avançait et qu’on a pu passer car l’accalmie était arrivée juste à temps, ouf. Sympa de ne pas nous l’avoir dit avant, on ne s’est pas inquiété comme ça et on a profité pleinement. Les magasins épargnés n’étaient finalement pas si différents de ceux cassés par les émeutiers … Ce fut l’occasion d’une intéressante discussion sur la vie politique malgache, démocratie à l’africaine, proche même d’une théocratie dictatoriale où le président est le principal homme d’affaires du pays, ça ne doit pas faire bon ménage avec l’impartialité du poste de la fonction. Après avoir roulé toute la matinée, on déjeune dans une gargote au village. On les avait plus ou moins évitées jusque là, choisissant des restos une gamme au dessus, et on aurait peut-être du continuer, mais là il n’y a que ça. D’apparence et de goût c’est bon, mais le ravitoto, plat typique composé de feuilles de manioc pilées et de porc, cachait sans doute autre chose, qui même si ils ne le savaient pas encore, provoquerait quelques petits troubles du transit à Fred et Michel. On arrive quelques heures plus tard à l’intersection de la route et de la piste vers le Camp Catta, hôtel perdu au fin fond de la vallée de l’Andringitra, prononcé « andingct ». Deux heures de piste très défoncée dans la vallée de Tsaranoro, même le 4x4 a du mal, impraticable en cas de pluie, le panorama est superbe, on traverse des villages, on longe la rivière, et on a en ligne de mire l’énorme falaise haute de plus de mille mètres aux reflets verts. L’hôtel se situe aux pieds de cette muraille naturelle, aussi isolé on ne savait pas trop à quoi s’attendre, et comme souvent ce fut une excellente surprise, bungalows plein de charme typiques des maisons des Betsiléos dans un verger aux bords de la forêt. Bon ok, salle de bain extérieure, douche avec des seaux, pas d’électricité, mais tout est très propre, très confortable et de qualité, et les « inconvénients » justement rajoutent au charme de l’établissement. Et pour les repas, autre bonne surprise, la cuisinière est fameuse, et on a droit à des plats de resto de luxe, formidable. On passe la soirée à choisir la balade du lendemain avec le guide du camp, tout semble tentant, mais notre choix s’avérera être une bonne idée, alliant randonnée, découverte de villages et rencontres. Bonne nuit dans un calme absolu, ça a du bon l’isolement.

Mardi 8 mai 2007

Le petit déj est largement à la hauteur du dîner de la veille. On est donc d’aplomb pour la balade du jour, l’ascension du rocher du caméléon, soit environ 700 mètres de dénivelé. Ca commence doucement, à travers la forêt sacrée betsiléo et ses nombreux lémuriens catta, d’où le nom du camp. On suit le guide et sa branche pour enlever les toiles d’araignées du sentier jusqu’à la piscine naturelle, moins tentante que celle de l’Isalo, puis on commence la grimpette. C’est pas spécialement difficile, mais Michel rate de peu l’entorse et Fred serre les fesses de peur de voir le ravitoto se sauver à son insu. On arrive en haut du caméléon, sur son dos, le panorama vaut largement l’effort, vue sur toute la vallée et le pic Boby, plus haut sommet du pays. Le temps d’écouter le guide raconter ses jolies légendes en observant les nombreux lézards manger nos miettes, et il est temps de redescendre la montagne dans l’autre versant de la vallée. On croise des femmes qui vont laver très loin leur linge, puis des jeunes étonnés de nous voir. Les garçons ont un peigne dans les cheveux, décoratif et synonyme qu’ils cherchent à se marier, et tous mâchent la friandise locale, un morceau de canne à sucre. Là encore les vêtements sont dépareillés, pas très adaptés, et usés. On traverse d’abord le village de Morarany, accueillis par des enfants étonnés, mais très vite c’est tout le village qui sort, et on est invité à visiter le « café » local dans une hutte qui semble minuscule et très bas de plafond. On s’attend à ne voir personne à l’intérieur, mais à peine franchie la toute petite porte en se courbant qu’on voit dans la pénombre une bonne partie des hommes du village, drôle d’ambiance. Le rhum artisanal fait des ravages dans le pays. On croise encore quelques maisons isolées ou villages, mais la promenade est devenue facile. Une des étapes prévues est la visite du dispensaire de brousse, tenu par une infirmière et une sage femme. Les conditions d’hygiène sont locales, pas encore d’électricité, des salles de soin très sommaires et une réserve de médicaments insuffisante. On discute un peu avec l’infirmière, et on laisse en souvenir une trousse à pharmacie assez complète, ce sera déjà ça d’offert aux villageois. On visite ensuite une école pendant les cours, les élèves se partagent la classe sur la journée selon leur âge. Ici on apprend à lire, compter, mais aussi la culture du riz, l’élevage, etc… On laisse une réserve de crayons pour les enfants présents. On rentre au camp à 15h, une attraction nous attend. Tous les jours, un groupe de lémuriens catta, les plus beaux aux yeux jaunes et à la queue annelée noire et blanche, vient manger les fruits sur les arbres du camp, on peut donc les observer de très près, ils sont vraiment très jolis, c’est passionnant, un régal pour les photographes. Quel regard ! Sympa de boire un petit verre avec ces animaux à quelques mètres. Longue soirée belote, et nouveau repas de grande qualité.

Mercredi 9 mai 2007

Nuit au camp, puis on reprend la piste défoncée après un bon p’tit déj, faut avoir l’estomac bien accroché parce que ça secoue pas mal. On retrouve la route principale, direction la réserve villageoise d’Anja. Réserve villageoise car ce n’est pas un parc national, mais des terres appartenant à des paysans, qui la font eux-mêmes visiter aux touristes après avoir compris que préserver leur environnement pour les visiteurs leur est plus bénéfique que de l’exploiter. C’est une promenade sympa dans une forêt à travers des rochers, on grimpe, on escalade, on rentre dans des grottes et on observe les lémuriens qui prennent la pause.
Ce ne sont pas de grands guides mais ils sont sympas, et la balade se termine sur un joli point de vue sur toute la zone. Après cette petite visite, on se dirige vers Ambalavao, ville réputée pour son célèbre marché aux zébus et son grand marché central. Ca tombe bien c’est le mercredi, et on y est pile poil comme prévu par Haja, ça sert d’avoir un local qui connaît bien son pays. On commence directement en fin de matinée par le marché aux zébus, c’est en fait un énorme rassemblement de troupeaux dans un seul et même enclos, où chaque groupe d’éleveurs maintient tant bien que mal ses bêtes au calme à l’aide de petits bâtons, et parfois ça se loupe et un gros zébu s’emballe fonçant à travers tout, ce qui rend la promenade au milieu de ces cousins des vaches pas toujours rassurante. Les zébus se vendent, s’échangent, et repartent avec leurs nouveaux propriétaires sur les routes jusqu’à leurs nouvelles terres parfois très lointaines, peu de chanceux auront l’occasion de faire ces voyages en camion.
On va déjeuner au même resto qu’à l’aller, toujours aussi sympa et peu cher, juste en face du grand marché central. Avant la visite du marché lui-même, on part à la fabrique de papier de la ville, réputée dans tout le pays et même au-delà. Tout y est artisanal, on presse le bois, on y insère des végétaux et des fleurs, on sèche et après tout ce processus ancien on obtient de belles feuilles, mais bon faut aimer le papier. On fait une deuxième visite, un atelier de tissage de soie sauvage, c’est en fait une mémé qui tisse dans une pièce chez elle, mais c’est encore mieux qu’un atelier plus officiel. La journée est moins chargée que les autres, on a le temps de se promener tranquillement dans la ville, et quel monde ! Toutes les rues sont remplies, le jour du marché est au cœur de la vie locale, on prend un verre en terrasse pour observer les différentes boutiques, comme ce prothésiste dentaire à même la rue, ou ces petits préfabriqués qui diffusent des films de kung-fu sur de vieilles télés, une sorte de cinéma… On va ensuite dans le grand marché, c’est coloré, on y trouve de tout, fruits, viande, fripes, objets recyclés de toutes sortes à base d’ampoules, de boîtes de conserve, etc… ou même des bouteilles d’eau vides. On termine cette journée tranquille au resto de l’hôtel.

Jeudi 10 mai 2007

Première chose à faire le lendemain, visiter une exploitation viticole, car on est dans la région de ce vin si particulier, et il faut savoir d’où il tire sa saveur… On ne visite pas le domaine principal du clos malaza, mais une exploitation secondaire. En France les viticulteurs sont fiers de leurs fûts de chêne, ici le vin est stocké dans de grandes cuves en béton, c’est peut-être de là qu’il tire ses arômes peu naturels. Pour la dégustation du gris, on soulève une trappe sous nos pieds qui donne accès directement dans la cuve, on trempe un verre et c’est bon, pour boire, mais pas pour ce qu’on boit… On achète quand même une bouteille en souvenir pour offrir et rigoler. Notre chemin nous mène ensuite à Fianarantsoa, l’une des deux plus grosses villes après Tana. On fait une première étape au labo photo de Pierrot Men, le plus célèbre photographe malgache, et c’est vrai qu’il a de superbes clichés noir et blanc d’enfants. Le plus beau de la ville, c’est sur la colline avec les vieux quartiers. A peine arrivés, on est accompagnés par quelques sympathiques adolescents qui nous servent de guides entre deux heures de cours, on fait le tour des hauteurs et des différents points de vue. On suit aussi de nombreux très jeunes enfants qui en file indienne montent des briques sur leur tête jusqu’au sommet, on apprend que ces petits reconstruisent eux-mêmes leur école détruite lors de très fortes intempéries, car en plus de ne pas avoir beaucoup le peu qu’ils ont est souvent détérioré par des catastrophes naturelles. On offre des cahiers à nos guides, au moins c’est du concret. On va prendre notre déjeuner dans un restaurant qui sert quelques plats très exotiques, et qui nous offre donc l’occasion de tester quelques plats originaux tels que le crocodile ou la roussette, qui n’est autre qu’une grosse chauve-souris. Le crocodile, c’est pas fabuleux, ça ne ressemble ni à du poisson ni à de la viande, c’est pas tendre, enfin bon, pas emballés même si ça passe. La roussette c’est plein de petits os à rogner, ça ressemble plus ou moins à du lapin sauf que parfois on tombe sur une aile pliée dans la sauce, effet comique garanti. Fred qui a encore du mal à se remettre de ses légers problèmes gastriques après le ravitoto est resté plus sobre. Sur ce bon repas, on reprend la route jusqu’à Ambositra où une excursion nous attend le lendemain. On arrive assez tôt, le temps d’aller rendre visite aux nombreux artisans de la ville dont la grande spécialité est le bois, et tout est tentant, on se met même à rêver d’avoir des valises qui nous auraient permis de ramener tous ces objets magnifiques et très bon marché. Faut dire qu’ici c’est le coin des villages zafimaniry, peuplade d’environ 25 000 individus vivant dans des villages reculés dans les forêts et qui s’est spécialisée dans le travail du bois, c’est d’ailleurs le but de notre étape ici et le thème de notre balade du lendemain. La journée est aussi tranquille que la veille, et on a fini la visite de la ville et fait nos repérages pour nos achats de souvenirs au coucher du soleil vers 17h30. Vu que c’est une petite ville et qu’il n’y a plus grand chose à faire, on va jouer aux cartes dans le seul resto chouette de la ville, avec une déco dans le style local plein de très beaux objets en bois. Pour patienter avant le repas, rien de tel qu’un apéro au rhum arrangé, et il faut goûter les différents parfums. Le rhum fait vite son effet… Au repas, on prend le « vin » du coin, le betsileo, qui restera une expérience gustative unique pour notre palais, le rire du serveur quand on lui a dit que son breuvage était spécial montre qu’on ne devait pas être les premiers à lui dire, mais on a été au bout de la bouteille à force d’efforts et de défis. J’en ai encore des frissons à y repenser, beurk pour cet arrière goût chimique qui est resté gravé dans la mémoire de mon palais. Rien de tel qu’un rhum pour laver tout ça, mais c’était p’têt celui de trop… Le rhum à la grenadelle était pour sa part une grosse réussite, tellement bon qu’on a rempli une bouteille d’1,5 litre pour finir la soirée à l’hôtel. La fin de soirée à été mémorable, sauf peut-être pour Michel qui a du utiliser les vidéos pour combler ses trous noirs le lendemain matin…

Vendredi 11 mai 2007

Réveil pas facile, on se demande pourquoi… On part visiter les villages zafimaniry avec un guide hors du commun, Louis de Gonzague, petit pépé plein de connaissances, plein d’enthousiasme très communicatif et au français nettement meilleur que le notre, qui restera une des belles rencontres du voyage. Il faut d’abord rejoindre par une piste le village d’Antoetra, la capitale de cette petite ethnie. Quarante kilomètres, mais deux heures de route. Je n’avais jamais ressenti autant les méfaits de la déforestation le long de cette piste, bois utilisé pour le chauffage, mais aussi pour faire du charbon. En même temps c’est difficile à blâmer, notre confort de vie est tellement supérieur. Une fois arrivé à cette capitale accessible en voiture, il faut poursuivre à pied pour rejoindre les villages. Le plus proche village est Ifasina, distant de quatre kilomètres, pour environ deux heures de marche avec au passage les conseils de notre guide pour lutter contre le mal de tête grâce aux plantes et à la médecine traditionnelle...
La visite du village sera aussi un des nombreux grands moments du voyage, les maisons en bois précieux sculptées sont déjà en elle-même des petits bijoux et leur construction ne nécessite aucun clou. Par contre le niveau de vie n’est pas supérieur au reste du pays, au contraire même… On est reçu par un des notables du village dans sa modeste maison, et Louis de Gonzague nous sert de traducteur pour ses messages de bienvenue et de respect, moment mémorable. Cette cérémonie traditionnelle nous a plongé au cœur même de cette culture si différente de la notre, et ce fût vraiment très agréable, chaque seconde étant apprécié au maximum, et chaque parole bue avec le plus grand intérêt. Malheureusement on n’a pas pu s’enfoncer plus dans cette peuplade en allant dans des villages encore plus reculés par manque de temps, et il nous a fallu repartir la tête pleine de souvenirs. Retour à Ambositra pour nos achats de souvenirs, on va remplir les sacs au maximum et laisser là avec regrets quelques objets qui auraient eu une place de choix dans notre décoration.
Pour le dîner, le guide nous avait concocté une surprise originale, avec un repas dans un couvent de bénédictines, dans le réfectoire même des soeurettes après leur office. Très différent de l’ambiance de la veille… Intéressant tout de même, où on a appris pas mal de choses sur le pays, la politique, la vision populaire sur le régime, etc… C’était p’têt la nourriture de dieu mais c’était moyen et de qualité moyenne, et nos estomacs à Arnaud et moi qui avaient résisté jusque là ont cédé un peu suite à ce repas. Soirée aussi nettement plus calme que la veille.

vendredi 15 février 2008

Samedi 12 mai 2007

Le voyage touche doucement à sa fin, et on se rapproche de la capitale où dès le lendemain l’avion du retour nous emmènera en France. La route nous emmène à Antsirabe, l’autre grosse ville après Tana et Fianaranstoa. Nous n’avions fait qu’y dormir à l’aller, gardant quelques visites pour ce jour-ci. Pour commencer, on a visité un atelier de miniatures à base de récupérations, un bel exemple de talent, de recyclage et d’imagination. A partir de conserves, quelques découpes, du fil de pèche, et un superbe petit vélo était né. On est ensuite allé dans un atelier moins intéressant de pierres précieuses. Enfin, l’hôtel des thermes et son parc, qui rappelaient le temps pas si lointain de la colonisation. La pause dans cette ville était finie, et on reprenait la route vers Antananarivo, avec comme à l’aller une pause foie gras à Ambatolampy, mais cette fois en plein après-midi, et avec la mauvaise idée de prendre un vin blanc local mal adapté au foie gras, et sûrement mal adapté pour tout le reste car vraiment pas bon. Retour à la capitale, installation à l’hôtel du glacier, qui possédait son propre bar-club-resto à quelques dizaines de mètres. Tana le jour ne craint pas plus qu’une autre capitale, mais Tana la nuit est réputée dangereuse, du coup même entre l’hôtel et son resto on se fait surveiller par les agents de sécurité, et encore on est à quatre, rassurant. C’est pas la très grande forme, du coup la soirée est plutôt courte pour nous tous.

Dimanche 13 mai 2007

On passe la matinée à se balader à pied dans la ville, autour du lac, sur les hauteurs jusqu’au palais de la reine, dans les autres quartiers avec la place de l’indépendance ou le tombeau du premier ministre. Après un bon dernier resto pour clore le voyage, on rejoint Haja qu’on avait finalement réservé une demi-journée de plus. Sur le chemin de l’aéroport, la dernière visite est la croc’farm, une réserve principalement de crocodiles mais avec d’autres espèces de lémuriens ou de caméléons. Les lémuriens semblent plus tristes que ceux croisés en pleine nature. Il y a des milliers de crocodiles, de toutes les tailles, des petits qui se sauvent à notre approche aux très gros qui ne feraient qu’une bouchée de nous. Y’en a un moyen qui avait échappé à son enclos et qui était sur le chemin, ben ça rassure pas, les gardiens étaient trois pour le maîtriser. Dernier pot avec Haja dans ce joli cadre, et on regagne l’aéroport à contrecœur. On a trois avions différents, Michel qui devait partir le premier a vu son vol retardé de quelques heures, du coup c’est Arnaud et moi qui serons les premiers à quitter le pays, et enfin Fred encore plus tard. L’attente est longue, mais on comprend le retard du vol de Michel, le président quitte le pays avec son Air Force One malgache, un boeing présidentiel, qui montre encore une fois le décalage entre lui et le niveau de vie du peuple. On a pu observer la cérémonie du départ, avec tapis rouge et militaires. Enfin bon ça ne valait sans doute pas le retard provoqué. Et voilà, fin du voyage… Fred a encore du patienter dans l’aéroport jusqu’au petit matin, lumière éteinte, avec quelques locaux finalement gentils, et pour lui aussi fin du voyage.

Photo souvenir

Photo de notre petit groupe avec Haja notre chauffeur/guide.